AMAURY FOUCART

En 1990, à l’occasion d’un entretien pour la presse, le britannique Justin Fashanu devient le premier footballeur masculin célèbre à révéler son homosexualité alors qu’il était en activité… Et il restera le seul pendant plus de 20 ans, jusqu’à ce que l’australien Josh Cavallo et l’anglais Jake Daniels effectuent à leur tour leur coming out (en octobre 2021 pour le premier, et au mois de mai 2022 pour le second).

Ces trois joueurs, rares dans l’histoire de ce sport, semblaient briser un interdit… Car si football et homosexualité ne sont pas des termes opposés par essence, il est encore délicat de parler d’orientation sexuelle dans le milieu sportif. Le sujet est tabou, tout particulièrement dans une discipline connotée masculine comme le football.

Pour ce court-métrage, j’ai souhaité m’intéresser aux anonymes, à tous ceux qui se cachent et qui, avant même d’apprendre à tomber amoureux, doivent apprendre à mentir, à désirer seul, en silence. C’est sur cette idée qu’a germé dans mon esprit le personnage de Raphaël, jeune footballeur en proie aux doutes identitaires. À travers son regard, j’ai voulu raconter la solitude d’un garçon qui évolue dans un univers relativement viril, où il est perçu comme quelqu’un d’hétéronormé. Un monde où il n’a jamais eu l’occasion d’extérioriser (ni de se formuler) ses désirs.

À partir de cela, avec mon comédien principal, Emre Uludag, nous avons composé un personnage très introspectif et réservé, exprimant peu ses émotions à l’oral. Ainsi, dans la mise en scène, à l’aide de mon chef opérateur Maxime Guérin, nous avons souhaité filmer en gros plans les non-dits, les jeux de regard et les micro-expressions, afin de scruter au mieux l’intériorité d’un jeune homme confronté la question suivante : Peut-on s’épanouir lorsque l’on ment pour taire un secret si intime ?